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Libération
Critique

Le sex-ratio à la loupe

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publié le 3 janvier 2008 à 1h49

C'est un phénomène bien connu : dans tous les pays naissent plus de garçons que de filles. Dans les pays développés d'aujourd'hui, ce «sex-ratio» se situe aux alentours de 51,2 %. De nombreux spécialistes considèrent que ce chiffre est l'un des rares paramètres démographiques à peu près constants, hormis le cas particulier des pays en forte transition démographique, comme la Chine «de l'enfant unique» où le sex-ratio a augmenté depuis le début des années 80 jusqu'à dépasser les 55 %. L'objectif des deux auteurs est de montrer que l'élaboration de cet indicateur en apparence sans histoire est en fait révélatrice de questions essentielles pour les sciences sociales. Il constitue un enjeu intellectuel dès le XVIIIe siècle.

La différence entre le nombre de filles et de garçons à la naissance est mis en évidence, dès 1741, par le pasteur allemand Süssmilch. L'explication alors la plus fréquente est que ce déséquilibre, en apparence relativement stable, est le fruit d'un dessein divin que l'être humain ne peut pas saisir. La seconde moitié du XVIIIe siècle dans son élan rationaliste cherche au contraire à lui donner un fondement scientifique et indépendant du religieux en recourant au calcul des probabilités. Ce sont en effet les phénomènes démographiques qui fournissent matière à réflexion aux «géomètres» du siècle des Lumières désireux de réduire à des formules précises l'incertitude des phénomènes sociaux.

Cet usage, rappellent Eric Brian et Marie Jaisson, ne va d'ailleurs pas sa