Claude Lévi-Strauss aura 100 ans au mois de novembre. Simone de Beauvoir, née elle aussi en 1908, les aurait eus le 9 janvier. Depuis sa mort, en avril 1986, le Journal de guerre et les Correspondances posthumes (lettres à Sartre, Nelson Algren, Jacques-Laurent Bost) ont complété, la modifiant parfois, l'image qu'on pouvait avoir de l'écrivain à travers ses Mémoires. Elle est apparue plus aimante, plus aimable. Du moins aux yeux de ceux qui l'appréciaient déjà. La réédition en 2006 du roman méconnu, Anne, ou quand prime le spirituel, a confirmé la valeur testimoniale des fictions de Beauvoir.
OEuvre. Les parutions qui accompagnent le centenaire sont des portraits, entreprise guettée par le risque de la paraphrase, mais légitimée aux yeux de leurs auteurs par la nature de l'oeuvre beauvoirienne, où le biographique est un matériau de première qualité, et la relation avec le lecteur, très tournée vers elle-même. «Je voulais me faire exister pour les autres en leur communiquant, de la manière la plus directe, le goût de ma propre vie : j'y ai à peu près réussi», a écrit Beauvoir dans Tout compte fait ; cette citation oriente le livre que lui consacre Jean-Luc Moreau.
Danièle Sallenave place son Castor de guerre sous le signe du combat, de la quête d'absolu, en choisissant comme exergue une phrase des Cahiers de jeunesse inédits : «Je construirai une force où je me réfugierai à jamais.» Travailler sans relâche à «