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Libération

Rodrigo Rey Rosa, retour à Tanger

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publié le 3 janvier 2008 à 1h49

«Tout le monde sait que les chouettes ne dorment pas la nuit, et qu'elles voient dans l'obscurité. Donc, si l'on a décidé de veiller toute une nuit, il est bon de capturer une chouette et de lui arracher les yeux.» Voici ce que sait un jeune Tangérois d'aujourd'hui et les conclusions qu'il en tire. Cette chouette est un personnage central de la Rive africaine, septième livre traduit en français de Rodrigo Rey Rosa, Guatémaltèque de 49 ans. Hamza, celui qui raisonne ainsi, est une autre figure importante du roman et la dureté semble attachée à chacun de ses actes. La dernière phrase de la première partie, qui lui est consacrée, est : «Quand l'enfant fut à sa portée, il le saisit par le bras et l'attira vers lui, tout en redressant sa gandoura de son autre main.» «Une violente douleur au sommet de la tête lui fit ouvrir les yeux» est la phrase inaugurale de la deuxième partie, introduisant un Colombien perdu à Tanger et dont les liens qu'ils ignorent l'un l'autre avec Hamza ne se révéleront que petit à petit.

Paradoxalement, Tanger est presque un retour aux sources pour Rodrigo Rey Rosa. C'est pour cette destination qu'il quitta son pays natal en 1980 afin de suivre le cours de creative writing de Paul Bowles. S'ensuivit une relation d'amitié et d'estime réciproque entre le vieil Américain et le jeune Latino-Américain. Les deux écrivains se traduisirent l'un l'autre (et la Rive africaine est traduit de l'espagnol par Claude Nathalie Thomas qui