Avec ce troisième tome s'achève la publication en français de Yapou, bétail humain, oeuvre hors norme. Au Japon, elle est d'abord parue en feuilleton dans un magazine sadomasochiste en 1956 (l'auteur est né en 1926) pour être définitivement achevée en 1993. A priori réservée à la culture underground, elle a été adaptée en manga pour être vendue à plusieurs millions d'exemplaires. Yapou relève de la science-fiction, puisque l'intrigue se déroule au quarantième siècle sur la planète EHS (Empire of Hundred Suns, «l'Empire des cent soleils»), où sont arrivés Clara et Rinichiro, deux jeunes amoureux (elle Allemande et lui Japonais), exfiltrés du XXe siècle par un vaisseau spatial qu'une avarie a contraint à se poser sur Terre. Sur EHS a eu lieu «la révolution féminine» et, surtout, règne un racisme entré dans tous les esprits. Les Blancs sont des dieux (et les Blanches des déesses) pour les jaunes Yapous (ce qui reste des Japonais), lesquels n'ont pas droit au statut d'humains, tout transformés qu'ils sont en divers «objets viandeux» par la science ehsienne, et qui ressemblent plus à des singes ou à des chiens. «Les Nègres» sont quand même semi-humains.
Le roman est une épopée du masochisme et de l'humiliation. «Je pensais aborder le Sade des Cent Vingt Journées de Sodome [.] du point de vue du chien qui regarde son maître en levant les yeux», a écrit Shozo Numa pour expliciter son projet, dans lequel il prétend naturellement, avec