A l'approche de l'élection présidentielle et de la fin du règne des Bush, qui ressemble de plus en plus à une fin d'empire, l'Amérique excite la curiosité. Quelle est la vraie nature de la seule superpuissance mondiale ? Entre liberté et contrôle généralisé des citoyens, entre inventivité technologique et nouvelles aristocraties d'argent, entre autonomie de l'individu ou décérébration généralisée, les essayistes cherchent l'équation politique où s'articuleraient les contradictions de la «grande société», pour reprendre l'expression du président Lyndon Johnson, «le dernier représentant» de l'Amérique du New Deal.
Tableau.Parmi eux, l'auteur de De l'inégalité en Amérique se distingue par sa subtilité d'analyse et une capacité peu commune de synthèse, qui lui permet de brosser un tableau très fouillé des Etats-Unis. Il y est question de politique, d'économie, de technologies, d'urbanisme ; de la richesse des politiciens aussi bien que des prédicateurs ; de l'évolution comparée des budgets des prisons et de l'éducation dans l'Etat de Californie (le premier dépasse désormais le second) ; des myriades de prix Nobel attribués aux théoriciens du libéralisme ; du temps passé devant la télévision durant une vie (12 000 heures pour un baby-boomer) ; des effets comparés du rail et de l'autoroute sur la vie sociale - «le chemin de fer concentre, l'automobile disperse» - ; et même, horresco referens, de lutte des classes.
Godfrey Hodgson est un journalist