Geörgette Power, 20 ans, ne s'appelle pas Geörgette et en plus c'est un garçon, comme en témoigne vaguement le bout de pénis aperçu dans ses autoportraits. En revanche, son pouvoir existe et tient à la fragilité de ses dessins et autres vidéos, marqués par l'entre-deux, la chute ou la frontière (recherche de l'identité, sexuelle en particulier), motifs qui peuvent éventuellement frôler celui du dormeur. Un peu tendance Courbet sous son arbre, déguisé en jeune Homme blessé, car la pratique de l'art, ça fait des trous dans la peau.
Geörgette Power tient depuis l'adolescence des tombereaux de carnets, occupation répandue chez les étudiants plasticiens désireux, comme il le dit, «d'accoucher de [s]oi-même». Sur une base pauvre (critérium-feutre) et en mini format, il empile quelques incrustations ou textures numériques, dans un ton volontiers sobre et indécis. On est évidemment loin de la BD traditionnelle, aussi loin que la poésie l'est de la narration. Car ces carnets de voyage intérieur servent surtout de matériau à ses vidéos, fondées elles aussi sur le collage visuel. Création graphique, écriture poétique et film participent d'une unique forme d'expression, «indissociable». Quant à la bande dessinée, «j'en ai surtout lu une, l'Art invisible de Scott McCloud, et ça m'a largement nourri». Pour le reste, c'est plutôt dans les parages de Pierrick Sorin ou de Hans Hoogerbrugge qu'on le trouvera.
L'un de ses carnets graphiques s'intitule Catalogue de gigölös. Empruntant à Li