Plus de mille pages donc. Mais moins d'encre quand même que de papier. Ibn Al Rabin a eu quelques scrupules au début, la peur de massacrer des arbres pour y disposer des histoires pleines de vide, avec des planches qui se résument parfois à une unique case au milieu du visage. Mais tant pis pour la forêt, car le résultat est nickel, en termes de rire, de rythme, et l'un dans l'autre. Genevois de 32 ans, Ibn Al Rabin publie depuis 1997. Son pseudo vient d'un personnage qu'il avait inventé au lycée et à qui il attribuait des citations dans les dissertes, les jours de panne.
Soeur.L'Autre Fin du monde n'est pas du tout la fin de l'autre monde puisque ce récit à suspense reprend les thèmes de Retour écrémé, à savoir l'amour après la mort et l'impossibilité de faire tenir les corps dans des cases toutes carrées. Celles-ci ressemblent toujours à des faire-part de deuil et les héros à des pictogrammes à barbe et chapeau. Comme on voulait en savoir plus, on a cherché à interviewer Mathieu, pardon, Ibn. Or il est à Buenos Aires depuis plus d'un an, n'a pas le téléphone et ne viendra pas à Angoulême parce que c'est le même jour que l'anniversaire de sa soeur.
On le joint donc par Skype, sur le coup de minuit (heure de Paris).
Une heure plus tard, il appert que cet ancien assistant en maths n'est pas tellement obsédé par la mort. Peut-être par l'ennui, dit-il, dans la mesure où c'est une maladie d'époque. Et que les fantômes, dans ses histoires, se font grave chier : «Rien que de se conva