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Libération

Israël, l'amour entre deux bombes

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publié le 24 janvier 2008 à 2h03

Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce qui a bien pu se passer ? Ce sont trois questions différentes auxquelles se trouve confronté Kobi, le jeune chauffeur de taxi de Tel-Aviv héros du premier roman graphique de Rutu Modan, née en 1966 à Jérusalem. Ainsi qu'il est expliqué en épigraphe, le titre Exit Wounds désigne en anglais l'«orifice de sortie d'une blessure» : «Elle peut être aberrante en cas de rebondissement (dans la boîte crânienne) ou de migration (dans un gros vaisseau) du projectile.» Quelle est la blessure de Kobi ? Et comment s'en sort-il ?

Graphiquement, la ligne est très claire dans Exit Wounds (qui vient de recevoir le prix France Info de la Bande dessinée d'actualité et de reportage), simplifiée à l'extrême. Humainement, elle est plus obscure. On vient d'assurer à Kobi que la victime inidentifiable d'un attentat pourrait bien être son père. Et quand il veut joindre celui-ci, que les vicissitudes de la vie familiale l'ont incité à ne plus fréquenter, impossible. Sa jeune informatrice aurait-elle dit vrai ? Ou se sert-elle de lui ? On comprend très vite que ses enfants sont apparemment les premières personnes que ce père n'ait pas réussi à séduire. On saisit également que la vie en Israël a l'air bizarre, ces temps-ci. Même l'attentat où aurait péri le père de Kobi, il n'y a plus foule pour s'en souvenir, éclipsé qu'il a été par un autre, de plus grande envergure. La vie de famille est très réussie (par l'aute