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Libération
Critique

Lavis pas rose

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publié le 24 janvier 2008 à 2h03

Douze mois sans intérêt peuvent donner, on s'en doute, quatre-vingt-seize pages fort intéressantes. C'est comme ça que Catherine Lepage, québécoise, illustratrice jeunesse et même inventeuse d'un logo de boulangerie chic par-delà les océans, a eu l'idée de tenir le journal de sa dépression nerveuse, à base de photomontages, strips, crayonnages, pour la mater en un objet aussi drôle qu'émouvant. A quelque chose malheur est donc bon.

Une dépression foudroyante, qu'on en juge : «Tout allait bien» (papier peint à fleurs blanches), «tout d'un coup, ça s'est mis à mal aller» (photo de nuages bas et lourds comme un couvercle). Et c'est physique. Lepage s'amuse à faire la tronche toute molle aux neurones en manque de sérotonine, ou à figurer comme une pelote indémerdable le premier symptôme de la dépression. «Je vous présente : l'angoisse», à moins que l'espèce d'embrouille qui l'illustre ne soit le résultat d'un chat vénère + trop de café = aargh.

Plus formidable que le Larousse médical, l'auteur nous dessine ensuite un tronc ouvert avec ses viscères et c'est là, «au creux de l'estomac», entre le foie et le rectum, mais un peu plus à droite, que réside la bête. Elle essaimera ensuite sous le lit, dans l'ordi, un peu partout, empêchant la narratrice de vivre. Les étapes suivantes ressemblent à un sac d'aspirateur et à un commutateur, voire à une allumette éteinte qui souffle en baissant les bras : «Ça ne va pas du tout.»

Heureusement, ça finit bien (ou mal, selon la philosophie de chac