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Libération

Haut-le-coeur

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publié le 31 janvier 2008 à 2h08

La littérature est morte. La langue est saccagée. L'écrivain n'existe plus. Il n'y a plus de sens, de valeurs, de réel. Le combat est perdu. Une insipide chenille romanesque rampe de l'Alaska à l'Australie en passant par l'Europe. Une Europe où l'on s'ennuie, où l'on s'emmerde prodigieusement.

Vous en voulez encore ? Vous auriez dû venir écouter Richard Millet, contempteur de la littérature contemporaine, qui vidait son sac lundi soir sur le boulevard Saint-Germain, à Paris, dans une annexe de l'ambassade de Belgique. Depuis cette enclave extraterritoriale, face à deux cents personnes, Millet a longuement dégueulé sur le faubourg voisin et son commerce obscène : la vente de romans nuls, «pourris par le langage de la communication». On avait un petit poids sur l'estomac depuis le dernier réveillon. Eh bien, maintenant, ça va mieux.

Chez Gallimard, Richard Millet est éditeur, membre du comité de lecture. On se dit qu'ils doivent recevoir là-bas des tonnes de manuscrits merdiques pour que le bonhomme se trouve dans un tel état. Ou peut-être est-ce le rewriting du pavé de Littell (les Bienveillantes) qui lui a mis les nerfs en pelote. Mais il estime avoir de vraies raisons de se lamenter puisqu'il paraît que Proust, Blanchot, Bataille et le vicomte de Chateaubriand sont morts, tandis qu'il va nous falloir continuer la route avec Nothomb et Beigbeder.

C'est à l'invitation du magnanime Centre national du livre (CNL) que Millet est venu vomir sur la production actuelle a