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«La Route», de Cormac McCarthy : Sur la route, mais en enfer

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L’écrivain américain Cormac McCarthy est mort ce mercredi à 89 ans. En 2008, Libération publiait la critique de son roman «La Route», minutieux récit apocalyptique.
publié le 31 janvier 2008 à 2h09

Le nouveau roman de Cormac McCarthy, la Route, est un minutieux récit apocalyptique. Son succès est compréhensible : c’est un cauchemar d’enfance qui suit sa ligne de force dans une humanité qui vieillit - l’un de ces cauchemars où l’enfant rêve qu’il doit survivre seul, dans l’angoisse, entouré d’ennemis ou de mutants, avec sa bite et son couteau. Un bon récit apocalyptique ne vous empêche pas seulement de dormir : il vous reprend au réveil, comme si votre avenir finissait dans le sien. On peut raconter la Route en quatre temps.

1) Traversant un monde brûlé, sans flore ni faune et couvert de cendres, un homme et son enfant marchent vers le sud et la mer, dans une éternité de ruines et de gris répétés.

2) Ils ont froid, ils ont faim, parlent peu, explorent des maisons abandonnées et comme hantées par les cadavres de leurs anciens propriétaires, sont menacés par des bandes de fous cannibales, derniers restes humains de toute humanité.

3) Ils trouvent la mer, mais elle n'est plus bleue. Elle est froide, et on y visite une épave.

4) Le père meurt, et son fils part avec des «gentils», sans l'oublier, vers une improbable nouvelle aube.

Raconter la fin n'a pas d'importance. Le livre est assez bon pour supporter tout ce qu'on prévoit. Le parcours de ces deux survivants est un itinéraire quichottesque : marchant sur la route, ils croisent des lieux, des situations, des gens, si on peut appeler ça des gens, qui leur font éprouver difficilement leur humanité. Un vieux