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Libération

Auteurs de vue

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publié le 14 février 2008 à 2h20

Etre un grand écrivain, être Chateaubriand ou rien, c'est le fantasme littéraire par excellence. L'oeuvre y contribue bien évidemment largement, mais aussi les images de soi que l'écrivain a su distiller à l'usage de la presse, du public et de la postérité : écrivain monacal lorgnant vers la sainteté, histrion impayable, virtuose inventif, éternel rebelle, le casting est ouvert. Paul Valéry a dit qu'écrire était entrer en scène ; reste à l'écrivain de choisir ses rôles en situation et ses costumes à sa taille. C'est cette histoire que José-Luis Diaz raconte en deux volets. Le premier inventorie les scénographies de l'écrivain au début du XIXe siècle, ses fictions intimes qui le doublent d'un véritable «écrivain imaginaire» ; le second, Devenir Balzac, en est la démonstration éclatante. Ce retour à l'auteur après qu'on l'a déclaré mort n'est pas une régression. Nourrie par les sciences humaines, cette démarche où il faut citer aussi les travaux de Daniel Oster et de Jean-Benoît Puech, déplace les perspectives de l'histoire littéraire. Le XIXe siècle de Diaz est celui du romantisme, au moment où se mettent en place une image de l'écrivain sur laquelle on vit encore, en même temps qu'un univers de la réclame lié aux débuts de la presse moderne.

L'Ecrivain imaginaire est le démontage méticuleux de ce que Diaz nomme «scénarios auctoriaux», à savoir les différentes stratégies dont usent les écrivains pour s'installer dans le champ littéraire, gérer leur