Lucien Febvre, grand spécialiste du XVIe siècle, avait coutume de dire qu'aux phénomènes religieux, il fallait des explications religieuses. C'est aussi ce que suggère Arlette Jouanna dans le livre qu'elle consacre à la Saint-Barthélemy, cet «objet si déroutant pour l'historien». Dès avant cette nuit tragique du 24 août 1572, l'opposition était frontale entre réformés et catholiques : les premiers avaient la certitude de combattre pour l'Evangile et de détenir la vérité quand les seconds voyaient dans les huguenots des hérétiques menaçant la tradition. Les fréquents affrontements, ouverts ou larvés, mettaient en cause l'unité du royaume.
Elite. La question religieuse dériva ainsi vers un problème crucial d'ordre public, ce qui préoccupa Charles IX et «donne la clef de son attitude envers les protestants». Bien que sincèrement catholique, le jeune roi était en effet persuadé que la paix supposait la coexistence des deux confessions. Ce réalisme rare et courageux l'incita à imposer des édits de tolérance, conforté par sa mère Catherine de Médicis, souvent présentée à tort par ses adversaires comme une provocatrice inspirée par Machiavel stigmatisant ainsi son origine florentine.
L'attentat perpétré le 22 août 1572 par le clan catholique contre l'amiral de Coligny, l'un des chefs protestants, apparaît comme une tentative pour assassiner la paix. Objectif atteint. Charles IX, inquiet de la réaction huguenote, prend les devants en éliminant l'élite de la noblesse réfo