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Libération
Critique

«Gardez-moi les tiges»

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publié le 28 février 2008 à 2h30

Ce livre relève du fétichisme papetier : c'est un collage de masturbations élégantes, un rêve de donjon libertin où l'humidité des pierres se mêle en fumant à celle des corps, où la soie est en nage, la sueur idem. Les femmes y ont les «reins offerts sous le petit phare allumé de la lampe de chevet», elles ont des pensées plus que crues, des gestes directs. Les hommes sont des dandys parfaitement obsédés.

«Culotte». L'histoire s'écartèle entre les anecdotes délectables, comme celle d'un Hemingway «qui avait gardé la petite culotte d'Ava Gardner en trophée, avec laquelle il enveloppait son browning calibre 22» et les dérapages boueux hors de tout contrôle, façon «fellations à la chaîne dans un foyer Sonacotra avec l'obligation d'avaler le sperme».

Parfois si louve. a subi une construction étrange, un lifting qu'on soupçonne délibérément raté, confus, bizarre, mais auquel on prête finalement peu attention tant ce qui intéresse et intrigue sont les rapports humains, les liens, le ligotage ; voici une valise pleine de devises en désordre : on se moque de savoir d'où ils viennent, ces billets, on se fiche bien de l'absence de liasses proprettes - on prend, on se remplit les poches, c'est tout.

Le livre fonctionne comme un heureux hasard. Portrait-robotisé, ce serait un Frankenstein sensuel jeté dans un bordel d'histoire ; le tout à la fois déroute, captive et exaspère.

Il y aurait donc cette femme jeune, avec une ambition vertébrale, «fixer à tout jamai