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Libération

David Grossman, poétique politique

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publié le 6 mars 2008 à 2h35

Pour traiter de «Politique et création littéraire», qui est le sous-titre de Dans la peau de Gisela, recueil de cinq de ses interventions (discours, conférence), il suffit à David Grossman d'exprimer ce qu'est un écrivain israélien aujourd'hui. L'auteur de Voir ci-dessous : amour, né en 1954 et apôtre du dialogue avec les Palestiniens, qu'il a lui-même effectué dès 1988 avec le Vent jaune (toute son oeuvre traduite l'est au Seuil), dit en 2004 «la situation» en racontant la conversation d'un couple israélien la veille de son mariage. «A la question de savoir combien d'enfants ils désiraient, la jeune mariée répondit du tac au tac qu'ils en voulaient trois, car "si l'un meurt à la guerre, il nous en restera encore deux".» En 2006, il parle place Rabin, le jour anniversaire de la mort de l'ancien Premier ministre assassiné. Uri, un fils de l'écrivain, vient d'être tué durant la guerre du Liban. Il engage Ehud Olmert au dialogue à tout prix. «Si vous tardez, nous aurons très bientôt une pensée nostalgique pour l'amateurisme du terrorisme palestinien.» «Comment peut-on vivre sans ennemi ?» demandait-il en 2004 en pointant les inconvénients qu'aurait la paix. «Il faudrait néanmoins être cynique ou dément pour préférer l'état de guerre qui est le lot d'Israël depuis plus d'un siècle à la paix, quelle qu'elle soit», dit-il. «La simple possibilité d'un avenir» n'est pas une idée familière aux Israéliens et, à trop évoquer le fu