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Libération
Critique

Haute attention

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publié le 6 mars 2008 à 2h35

Si on se fiait aux titres des deux livres que Bernard Stiegler publie conjointement, on irait plus spontanément vers Prendre soin de la jeunesse et des générations, qui laisse croire à un ouvrage «généraliste», plutôt que vers Economie de l'hypermatériel et psychopouvoir, qui fait craindre le traité quelque peu abstrus. On aurait tort. Fait d'entretiens et s'obligeant, pour répondre aux questions de Philippe Petit et Vincent Bontems, à tout «préciser», le second doit en effet être considéré comme une «voie d'accès» au premier, plus ambitieux, et qui des deux est sans doute le «grand oeuvre» (dont paraîtra bientôt une suite : Prendre soin 2. Agriculture et industrie à l'époque des technologies transformationnelles).

Réalité. Pourquoi ce «préavis» ? Parce que le travail de Stiegler - initié il y a juste une quinzaine d'années, avec la Technique et le Temps (Galilée, 1994), et occupant désormais une place notable en philosophe - oscille constamment, même s'il prend soin d'éviter toute complication inutile, entre simplicité et complexité, et se disloque si on cède à la tentation de le tirer vers l'une en oubliant l'autre.

On complexifierait en indiquant par quel biais Stiegler arrive à faire critiquement dialoguer Platon, Kant, Husserl, Michel Foucault ou Gilbert Simondon. On simplifierait en soulignant qu'il parle d'une publicité de Canal J («Les enfants méritent mieux que ça», mieux que les parents et les grands-parents, ils méritent. Canal J)