Du haut de la montagne, on voit «des villages verdoyants nichés au coeur de lopins de terre brune et rouge, des cimes enneigées, des eaux vives, des routes comme en Europe, étroites, sinueuses, désertes, et l'air le plus doux qui soit». En hébreu, le roman s'appelle S'il y a un jardin d'Eden. C'est pourtant en enfer que les héros du roman vont vivre pendant un an.
Beaufort raconte l'histoire d'un groupe de très jeunes soldats dans une citadelle médiévale du Sud-Liban, Beaufort, juste avant que l'armée israélienne l'abandonne en 2000, après une occupation de dix-huit ans. C'est Liraz Liberti, un officier de 22 ans, séfarade et mauvaise tête, caïd et nounou d'un commando dont les membres ont 19 ans d'âge moyen, qui tient le journal de cette dernière année : la tension, la haine, l'amitié fusionnelle, le sadisme, la peur, le tragique de la guerre et la claustrophobie de la vie de garnison.
Beaufort, écrit-il, c'est l'absence totale d'intimité, c'est téléphoner à ta mère en lui disant que tu viens de prendre une douche et que tu vas te coucher, alors que tu ne t'es pas douché depuis trois semaines et que, «dans une minute exactement, tu dois prendre ton tour de garde», c'est dormir dans un tunnel dont les murs sont peints en rouge pour atténuer le halo au-dessus du fortin, c'est ramasser les bouteilles d'urine dans les postes de garde, lesquels ressemblent, «en bout de nuit, aux ruines de la Quatrième Guerre mondiale». Sans compter la préparation