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Libération
Critique

Le blues de Marie-Thérèse

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publié le 6 mars 2008 à 2h35

On peut voir les choses ainsi : ce livre parle d'une époque où les faits divers étaient autre chose qu'un prétexte pour le politique à voter des lois répressives propres à flatter l'opinion publique dans le sens du poil. Une jeune femme rêveuse et amatrice de Billie Holiday s'y trouve mêlée à un meurtre dans une boîte de jazz toulousaine, puis à un autre dans une bergerie des Pyrénées. La fin des années 50, un polar en noir et blanc, des jupes plissées, des 403 Peugeot et un truand corse comme dans les séries noires d'Auguste Le Breton.

Admettons qu'un critique de cinéma célèbre, Michel Boujut, l'auteur, 19 ans au moment des faits, ait gardé une photo de la jeune femme, Marie-Thérèse, découpée dans Sud Ouest, coupure qu'il retrouve quarante-cinq ans plus tard. Ce serait l'enquête dudit Boujut sur cette affaire, ce fait divers qui défraya la chronique de la Dépêche de Toulouse,Paris Match et Détective. Admettons donc qu'il écrive ce roman-vérité sur Marie-Thérèse, qu'il reconstitue morceau par morceau la fabrication par la presse et la justice d'un personnage romanesque.

Mais pas seulement. Ce petit livre dense, rythmé, swinguant, est surtout un vrai délice de mémoire et d'ambiances. Boujut y raconte sa vie, avec une honnêteté réjouissante, à partir de la légende de la photo : «Coïncidence ? Marie-Thérèse Désormeaux bifurqua dans la vie à partir du moment où sa passion pour le jazz prit une forme excessive.» Un rêve de reporter : l'auteur sous