Envoyée spéciale à Haïfa
Quand Saleh Abbasi installe son stand dans les foires du livre du Caire ou de Casablanca, il met le nom de la maison d'édition, Kul Shee, de la ville, Haïfa, et une photo du jardin baha'i qui dévale le mont Carmel, mais jamais «Palestine», ça a tendance à faire fuir le client.
Kul Shee est installée à proximité du port, dans un quartier dont on ne sait s'il est en démolition ou en reconstruction. Haïfa est une des rares villes d'Israël où cohabitent Juifs et Arabes. Là, le quartier est plutôt arabe, l'immeuble est petit et dans un état incertain. Au rez-de-chaussée, le secrétariat, avec deux jeunes filles en jean et talons. Au premier étage, le bureau de Saleh Abbasi, chaleureux et débordé, devant des téléphones qui n'arrêtent pas de sonner. On pourrait dire que Kul Shee est la plus importante des cinq maisons d'édition arabes d'Israël. En fait, c'est la seule vraie : les autres sont des imprimeries où les écrivains se font éditer à compte d'auteur. Kul Shee est le seul éditeur arabe israélien représenté dans les foires internationales, notamment en Egypte, en Tunisie et au Maroc, pays arabes dans lesquels un entrepreneur israélien peut se rendre.
«Poésie».La littérature israélienne, c'est avant tout la littérature en hébreu, la langue officielle du pays, mais il n'y a pas que l'hébreu. D'abord, il y a une deuxième langue officielle, l'arabe. Ensuite, Israël est un pays d'immigration ; de la Galilée à la mer Morte, une grande partie de ses habitants ont