Menu
Libération
Reportage

Tel-Aviv à vif

Article réservé aux abonnés
publié le 6 mars 2008 à 2h36

Alon Hilu

«Certains veulent croire qu'Israël est un pays d'Europe, ce n'est pas vrai»

Il est 10 heures du matin et Alon Hilu, 35 ans, débarque ravi dans le hall de l'hôtel. Au marché aux puces installé sur la place Dizengoff, il vient de trouver un «stalag». Le «stalag», c'est une spécialité locale, un genre littéraire israélien qui a fait fureur entre 1950 et 1970, des histoires trash et troubles écrites par des Israéliens : du sexe, de la violence, des femmes juives qui couchent avec des nazis. Officiellement, tout le monde trouvait ça malsain et scandaleux, commercialement, c'était un succès. Le livre qu'Alon Hilu vient de trouver s'appelle le Secret du Dr Brouman, la quatrième de couverture est alléchante : «1962 en Allemagne. L'histoire se passe dans un camp secret nazi.» Le vendeur lui a dit : «Si vous trouvez la suite, le Chien du Dr Brouman, achetez-le, il est très rare.» On n'ose imaginer l'intrigue.

Alon Hilu aime assez ce qui est gore, ou gothique. Le jour de la rencontre, il fait la une du supplément littéraire de Yédiot Aharonot, déguisé en moine, au milieu de ruines médiévales. Son deuxième roman vient de sortir en Israël, et il est présenté comme un des écrivains les plus doués de sa génération. Alon Hilu a trouvé le sujet de son livre pendant les cours de l'école de théâtre qu'il fréquentait le soir (pendant la journée, il est avocat). Le point de départ, c'est «l'affaire de Damas», un fait divers datant de 1840, où un juif a été accu