Les noms font rêver, ils jalonnent le siècle, Jeanne Lanvin, Paul Poiret, Madeleine Vionnet et ses drapés, Christian Dior qui «bouleverse l'allure du corps féminin, les jupes virevoltent sur vingt mètres». Yves Saint Laurent invente le smoking pour femme, Balenciaga ferme son atelier en 1968, Madelaine Delisle quitte sa maison en 1995, après une ultime collection dont les admirateurs n'ont pas vu l'inquiétante tonalité. «"Les vraies réussites sont fatales", avouait Chanel.»
Madelaine Delisle n'existe pas. Elle s'insère dans la lignée des couturiers comme si elle était des leurs, fait ressortir les tailles et les bustes, est à six mois près la marraine du new look. Elle respire dans le roman de Claire Wolniewicz au rythme d'une biographie imaginaire, aussi concrète qu'une vraie, plus authentique sans doute. Comme Coco Chanel, son père la place à l'âge de 11 ans à l'orphelinat de l'abbaye cistercienne d'Obazine. Le bonheur de sa meilleure amie lorsqu'elle lui offre la robe de communion qu'elle refuse de porter : de là date sa vocation. Elle habillera les gens comme d'autres les nourrissent, afin de voir autrui s'embellir, se réjouir.
Au service de Mme veuve Volladier, Madelaine fait merveille, les clientes d'«A la belle confection» l'apprécient, elle est «la perle de Limoges» qui bientôt monte à Paris. De fil en aiguille, l'ancienne petite paysanne impose son style dans les rues. Quant à l'amour, c'est une autre paire de manches. Pourquoi Tadeusz dis