Neil Armstrong est sur le point de fouler le sol de la Lune. 1969 : dans l'univers humble et rural d'un bourg d'Andalousie, un gamin de 13 ans vit l'événement avec autant de passion que possible.
Poignant contraste qu'Antonio Muñoz Molina développe dans son dernier livre, le Vent de la Lune, en convoquant par la même occasion et comme par aimantation tous les contrastes, toutes les frontières et toutes les transitions qui rendent le passage du temps à la fois meurtrier et vivifiant. Parce qu'à 13 ans, le gamin quitte son corps d'enfant et découvre les puissances troubles de l'adolescence. Parce qu'en 1969, l'austère autarcie de l'Espagne franquiste se voit submergée comme une Atlantide par les flots du libéralisme et de la société de consommation. Parce qu'à 13 ans, cet enfant fait le choix inévitable de ne pas ressembler à ses parents.
Espace. Prose souple, préhensile et tentaculaire comme la nage sous-marine d'un poulpe ; rêverie lente et précise ; séjour en apesanteur dans le cosmos de la mémoire, immersion dans le silence coloré de la conscience, cette plongée à moitié imaginaire et à moitié autobiographique dans la vie de cet enfant inscrit le texte de Muñoz Molina dans la lignée de son oeuvre et de ce roman espagnol moderne qui ne veut renoncer à rien : ni au plus large public ni à la complète exigence de l'auteur. Et il y a quelque chose de grand dans cette volonté intuitivement perceptible de se mettre à la portée de tous et de ne rien refuser à personne.
Pour ce