En flânant dans une des Fnac de Barcelone, je tombe sur un roman édité par Gallimard, écrit par Antoni Casas Ros et intitulé le Théorème d'Almodóvar. La curiosité est un chasseur solitaire, qui fait mouche : j'achète le livre et je le lis. J'ignore tout de son auteur, mais j'apprends par la suite qu'il habite Rome et qu'il a des origines catalanes (Ros décrit son père de cette façon : «Mon père est de droite, ma mère de gauche. Dire que mon père est de droite est un euphémisme. Bien qu'il s'en garde, c'est un fasciste. Tous ses propos transpirent le franquisme»). Ainsi, d'emblée, le théorème a mis en branle les mécanismes dissonants du hasard : moi, écrivain catalan né en France, fils de communistes, je lis à Barcelone le roman en français d'un Français d'origine catalane résidant à Rome.
Collision.L'argument est délibérément étrange et présente des références cinématographiques : Almodóvar. Cependant, certains moments de l'action rappellent le drame mis en scène par Alejandro Amenábar dans Ouvre les yeux. Le théorème se poursuit : nous avons un argument apparemment lié à Almodóvar, mais fortement empreint de cette angoisse psychologique tellement prisée par Amenábar. C'est comme la rencontre au coin d'une rue des deux cinéastes espagnols les plus applaudis de leur époque. Le roman parle d'un homme qui est défiguré à la suite d'un accident de voiture, qui s'est produit lorsque l'homme a essayé d'éviter une collision avec un cerf. À cause de sa difformité,