Stéphanie Hochet a 33 ans.Je ne connais pas ma force, paru aux éditions Fayard à la rentrée 2007, est son cinquième roman. La manière dont il est écrit est remarquable.
Les premières lignes suggèrent le témoignage d'un néonazi repenti : un adulte se rappelle les errements idéologiques de son extrême jeunesse. Mais, presque aussitôt, ce pacte narratif est rompu et le récit est rapporté directement, sans le regard adulte, comme une hallucination adolescente en train de se produire. On oublie complètement l'avertissement du début et l'on entre de plain-pied dans l'univers de Karl, 15 ans, fils de communistes.
On pense alors au livre du Berlinois Ingo Hasselbach, Führer Ex. Et puis non, cela n'a rien à voir. Ce qui va pousser Karl vers le nazisme, c'est qu'il a une tumeur au cerveau. La faiblesse que lui révèle ce cancer lui inspire un tel dégoût qu'il décide de devenir «le Führer de son corps».
Pas uniquement de son corps. Dans l'hôpital où il est soigné, Karl prend le pouvoir dictatorial au sein du service des adolescents cancéreux. C'est le contraire de la pièce Oscar et la dame rose d'Eric-Emmanuel Schmitt : le cancer rend les jeunes imbuvables et criminels.
L'écriture devient martiale comme celle d'un Fritz Zorn. Ni participes présent ni adverbes pour amortir le processus de destruction, rien pour arrondir les angles. On ne sait si on redoute davantage le mal que Karl subit ou celui qu'il inflige.
Ce récit est pourtant celui d'une guérison, do