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Libération
Critique

Le cristal et l'énigme

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Alexis par Péju.
par Pierre Péju
publié le 13 mars 2008 à 2h41

J'ai d'abord été intrigué par cette femme fatale, en robe fourreau, la cuisse provocante : une photo de couverture plutôt inattendue de la part des éditions José Corti. Le livre, perdu parmi les autres livres de la librairie où je flânais, m'en a paru d'autant plus énigmatique. Je me suis demandé qui pouvait bien être Robert Alexis, auteur de deux autres romans remarqués (la Robe ; la Véranda). J'avais lu quelque part que cet écrivain admire la discrétion, voire le sens du secret d'un B. Traven, l'auteur du Trésor de la Sierra Madre et du Vaisseau des morts. Ces deux prénoms étaient-ils un pseudonyme ? Qu'importe ! Car, avec Flowerbone, j'ai découvert un objet textuel vraiment insolite. Une histoire qui se dérobe à toute tentative de la résumer.

Affect. Cette fiction à la fois transparente et dense évoque une sorte de «cristal narratif» parfaitement ciselé. Sa transparence est due à la limpidité, à la subtilité de l'écriture ; à ce style singulier qui s'impose dès les premières lignes. «Sans hiérarchie, sans sexualité, ni rien qui puisse causer un obstacle, nous imitions les animaux pélagiques. A cinq ou six mètres sous la surface, d'un bord à l'autre des océans, les grands requins glissent nuit et jour dans l'eau tiède, en parfaite harmonie avec leur élément.»

Sa densité est moins due aux questions métaphysiques ou anthropologiques soulevées avec ironie et élégance qu'au nombre impressionnant des genres littéraires auxquels elle fait implici