Aécouter William Gibson, l'écriture s'échappe désormais sur Google. L'encre sèche encore sur la feuille ou plutôt la lettre est à peine effleurée sur le clavier que le texte n'appartient déjà plus à son auteur. Ce fut le cas pour Code source. Quarante-deux jours avant que le livre ne sorte en librairie le 9 août 2007, un fan du Colorado avait récupéré les épreuves non corrigées et avait éclaté l'ensemble du roman sur un site Internet, le distillant chapitre par chapitre, multipliant les entrées selon les thématiques. Gibson, pas énervé du tout, a alors compris qu'une nouvelle étape venait d'être franchie. Une étape qu'il avait lui-même suscitée. «Avec Identification des schémas, je découvrais à peine ma relation avec Google. En écrivant Code source, j'en étais pleinement conscient, et je me suis retrouvé à googler mes écrits, en étant parfois redirigé vers d'autres directions. Chaque mot de chaque texte est un lien hypertexte.»
«Perspective».Taper «William Gibson» dans ce décidément envahissant moteur de recherche américain a des allures de pêche miraculeuse. Il faut dire que, même en comptant sur son incorrigible gourmandise, l'Internet entretient un lien sentimental avec Monsieur Gibson. Cet Américain, exilé au Canada peu après la mort de sa mère quand il a 18 ans, a inventé le terme de cyberespace dans son premier roman de science-fiction paru en 1984, Neuromancien (1). Case, son héros hacker, y évolue dans un univers pourri, tenu par des multin