Menu
Libération
Critique

Martelé en tête

Article réservé aux abonnés
publié le 20 mars 2008 à 2h46

On ne conçoit pas d'évidence que le rythme, rhuthmos, soit originairement la figure, ni, à l'inverse, que le Chaos des anciens Grecs soit absence de rythmes, arrhuthmiston, ou «inépuisable réserve des "rythmes" en attente d'émergence». Peut-être a-t-on besoin de songer à un marteau, qui se dit joliment en latin malleus, que l'on retrouve dans malléable : c'est à taper avec un marteau ou une pierre, de façon cadencée, rythmée, que l'on fait sortir une figure de la matière chaotique, in-forme. Malléer se dit rarement en français. On préfère modeler ou façonner, qui, en grec, évoquent plassein/plattein, d'où vient «plastique» : le plasticien est d'abord l'homme dont les mains modèlent l'argile ou la cire, et la plastique l'art du modelage, le travail du sculpteur en premier lieu - sens qui s'étend à tous les arts plastiques, et à la chirurgie plastique aussi bien. Aussi n'est-il de «figure» (rythme) que plastique. L'équivalent latin de plassein est fingere, lequel, paradoxalement, signifie tant feindre, tromper, simuler que fabriquer, former, créer (l'ars fingendi est la sculpture, l'imago ficta la statue). D'où la fiction, à la fois songe, imagination, fantaisie, et production, création (fictio nominum est la formation des noms, fictio hominis la création de l'homme).

Tension. Sans doute est-il vain de chercher à savoir ce qui, du geste physique de pétrir ou de l'acte