William Gibson a eu 60 ans lundi. Silhouette longiligne, le cheveu court, lunettes rondes, il se déploie dans une économie de gestes. Les questions lui font lever les yeux au ciel à la recherche de la réponse qui soit la plus authentique.
Votre roman traite de géolocalisation via le «locative art».
Mettez «locative art» dans Google, vous trouverez des tas de liens intéressants. Un projet se sert du GPS pour suivre l'évolution des pigeons dans la ville. Sur une carte, vous pouvez localiser vos pigeons. Un autre projet place des capteurs sur des dauphins. Pour les repérer dans les eaux internationales, il suffit de se rendre sur le site qui donne même la température de l'eau dans laquelle ils évoluent ! Dans Code source, je souhaitais quelque chose de plus conceptuel. Bobby a développé un système qui construit des images virtuelles d'événements là où ils sont arrivés, comme la mort de la star River Phoenix. Je voulais montrer que nous vivons entourés d'informations et nous ne le savons pas. Il y a quelques semaines, j'ai lu une description brillante de ce à quoi ressemblerait la rue d'une ville si on pouvait visualiser toutes les informations qui circulent. C'était une vision étonnante.
Selon vous, les romans contemporains ont une aura Google. Que voulez-vous dire ?
Quand j'ai commencé à écrire sur l'informatique au début des années 80, les gens parlaient d'hypertexte et de l'avènement de nouvelles formes de littérature dans laquelle chaque mot et phrase serait connecté à d