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Critique

Etre ou ne pas être Juif

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publié le 27 mars 2008 à 2h51

Le titre inverse eût été meilleur : Lévy n'oblige pas. A comprendre comme une déclaration de guerre à l'injonction qui est faite à chacun d'être fidèle à ses origines, de rester dans la case délimitée où le destin vous a fait naître, «cette recherche furieuse de l'identité», «cette quête dont le principal objet est de compter, d'attacher, de contraindre et d'asservir, toujours plus morbide et toujours plus insatiable». Vous portez un nom juif ? Comportez-vous en Juif, revendiquez-vous comme tel, faites-en votre essence, ce qu'il y a de plus précieux en vous, universelle consigne qui vaut pour toutes les tribus, de l'islam à l'Amérique, des Corses aux homosexuels (et même : vous êtes ch'tis ? Parfait ! Prenez bien l'accent, singez quelques tics, caméra moteur et avec ça, vous remplirez les salles).

«Passion». «Je m'appelle Lévy et je n'ai le sentiment d'appartenir à aucun peuple et encore moins à un peuple menacé. [.] La notion d'identité m'inspire la plus grande méfiance. C'est un mot pour la police.» Thierry Lévy, Juif, avocat, a grandi après-guerre dans les beaux quartiers de Paris avec cette idée dans un coin de la tête, une idée plutôt amusante. La destruction des Juifs d'Europe, il ne l'ignore pas, mais ne s'en est jamais senti la victime. «Qu'un peuple faible et dispersé, celui auquel j'appartenais sans le savoir et sans savoir rien de lui, eût accumulé contre lui tant de haine, cela m'enchantait, car c'était la preuve que les pouvoirs les plus i