Traduit pour la première fois en français comme il vient de l'être en anglais, Alain Claude Sulzer est un Suisse né en 1953 à Basel, auteur de cinq romans dont Un garçon parfait.A Perfect Waiter est un titre naturellement approprié pour Ein Perfekter Kellner, mais Un garçon parfait est encore plus satisfaisant, puisqu'il est question dans cette histoire de critères esthétiques et de qualités professionnelles.
«Regard».Jeune homme radieux, Jacob Meier est devenu en très peu de temps un serveur apprécié à l'établissement de Giessbach, près du lac de Brienz, où descendait la bonne société avant guerre. Ernest, d'un an son aîné, était chargé de lui apprendre le métier de garçon d'hôtel, pas du tout dans le genre dégoûté et révolté de l'Apprenti de Raymond Guérin. Trente ans plus tard, Ernest se souvient de ce dernier dimanche du mois de mai 1935, quand il est allé le chercher à l'embarcadère et a été foudroyé dans l'instant : «Son regard était si franc et si honnête qu'Ernest dut faire un effort pour ne pas détourner les yeux.»
Ernest n'est pas allemand, comme Jacob, mais alsacien. Adieu village, parents, famille, il a trouvé à l'âge de 16 ans sa vocation dans l'hôtellerie et n'éprouve pas la guerre comme un changement de cap. Ernest est lui aussi un garçon parfait. Un des personnages, venu le voir dans son meublé sans téléphone ni télévision (on est alors en 1966, l'auteur donne chaque date scrupuleusement), le dit sans qu'on sache s'il s'agit d'un pur