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Libération

Enrique Vila-Matas face au meta-abîme

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publié le 3 avril 2008 à 2h58

Les personnages d'Enrique Vila-Matas sont souvent des écrivains qui n'écrivent pas, ou aspirent à ne pas écrire et faire de leurs non-livres une oeuvre. Explorateurs de l'abîme est le treizième livre de l'Espagnol né en 1948 que les éditions Bourgois traduisent depuis 1990 et Abrégé d'histoire de la littérature portative, vite suivi d'Imposture, dont le titre est emblématique. Comme il est signalé en quatrième page de couverture, ce livre «signe le retour» de l'écrivain au genre de la nouvelle, après des romans comme Paris ne finit jamais et Docteur Pasavento. Enrique Vila-Matas emplit ses textes de références souvent précises à Marcel Duchamp, Laurence Sterne, Franz Kafka ou Herman Melville (et son fameux Bartleby), et d'autres souvent inventées, l'ensemble donnant ce ton émouvant et ironique, ces textes intelligents, beaux et drôles qui le caractérisent.

Dans «Sang et Eau», bref texte d'Explorateurs de l'abîme, on est tenté de voir Enrique Vila-Matas lui-même dans l'engrenage métalittéraire que construit sa littérature. Le narrateur s'est «remis à écrire des nouvelles».«En définitive, il me fallait faire un gros effort pour raconter des histoires de la vie quotidienne avec mon sang et mon foie, comme l'avaient exigé de moi mes contempteurs qui m'avaient reproché des excès métalittéraires et une "absence absolue de sang, de vie, de réalité, d'intérêt pour l'existence normale des gens normaux".» Il tâche do