Il faudrait aller vérifier (et peut-être serait-on détrompé) mais ce premier roman s'ouvre comme une boîte à souvenirs littéraires, cachetée vers 1990. Avec ses vieilles dames et ses appartements fantomatiques, ses édredons et ses médicaments gobés comme des bonbons, sa syntaxe en forme de Resnais mémoriel (un ange passe entre les phrases, elles flottent en îlots désoeuvrés), il fait d'abord penser à un livre d'Hervé Guibert. Ou disons qu'il restitue l'impression qu'on se rappelle de la lecture de Guibert ou Duvert à la fin des années 80, qui ne serait sans doute pas la même si l'on reprenait aujourd'hui ces ouvrages.
«Périnée».Cent quarante-deux pages plus loin, Rétro choisit de commencer à finir mal, car il finit, alors qu'on aurait voulu continuer à flotter dans ce remue-ménage du temps qu'il se donne pour programme : le narrateur est un homme de 30 ans à qui il est donné de revivre l'année de ses 8 ans, avec sa conscience adulte mais son corps et sa psychologie d'enfant. «Je vois mon petit sexe dressé, avec le prépuce qui dépasse le gland. Je le fais bouger. Alain me demande où est ma caresse préférée. Je bascule un peu les fesses. Je lui dis que je ne connais pas le nom. Je le désigne. Il me dit : "Ça s'appelle le périnée." Il l'effleure. Il me dit que c'est une très bonne caresse.» Qu'on se rassure, les pédophiles sont ici de méchants bonshommes. Mais Olivier Bouillère affronte en revanche la sexualité enfantine, se rémémore ces troubles indécis qu'on sait avoir vécus m