Ecrire, est-ce consoler ? Possible, mais pas raisonnable. On aime tant guérir du malheur de soi et du monde qu'on finit par ne plus pouvoir s'en passer. Les larmes, ça n'en finit pas, les mouchoirs, non plus, la Consolante d'Anna Gavalda, pas davantage, et son succès prévisible et prévu, pour ainsi dire déjà rétrospectif, encore moins. Mais la France, qui a flatté son narcissisme par tant de conquêtes et d'idées, s'astique désormais le miroir à la peau de chagrin. Une sorte d'orgueilleuse dépression sociologique. Gavalda tient avec soin la galerie des Glaces : son travail reflète non pas les «gens», mais l'idée que beaucoup se font d'eux-mêmes.
Evacuons les chiffres : sorti à 99 999 exemplaires, le troisième roman de Gavalda a été retiré vite fait sur pression des libraires, ces consciences au quartier. Après un mois, 540 000 exemplaires sont fabriqués, ils seront vendus, 200 000 sont déjà passés en caisse. La Consolante devrait au moins tripler le score d'Ensemble, c'est tout.
C'est l'histoire d'un architecte de bientôt 47 ans, Charles Balanda, qui se dit un jour qu'il a sans doute foiré sa vie. Il travaille, voyage et s'enrichit sans cesse et sans fin. Sa femme, Laurence, ne l'aime peut-être pas. La fille adolescente de Laurence, Mathilde, a un rapport privilégié et armé avec lui. On pourrait dire de son existence ce que Gavalda écrit de sa première communion :
«Ce n'était rien.Et pourtant c'était beaucoup.Mais c'était n'importe quoi.»
Comme