Léon Degrelle, né en 1906 dans une famille cossue (il était le fils d'un brasseur des Ardennes), est le leader de la collaboration belge francophone. A la tête de la Légion Wallonie, formée pour combattre sur le front de l'Est, il a passé quatre années de pur enfer sous l'uniforme allemand, d'abord celui de la Wehrmacht, puis, ce qui était stratégiquement plus important à ses yeux, de la Waffen-SS.
Issu de l'Action catholique, Degrelle se lance dans la politique avec son propre mouvement, Rex. Le rexisme, avant la guerre, a pignon sur rue et envoie des représentants à la Chambre. A partir de 1940, relayé par un journal au titre délicieux, Le Pays réel, Rex s'applique à devenir nazi. Seul rescapé de l'encadrement (ses rivaux sont morts au combat, ses acolytes sont fusillés à la Libération), Degrelle s'enfuit en mai 1945 en Espagne, où il meurt en 1994. Prospère, pas comme Darquier de Pellepoix, exilé comme lui mais ruiné, et qu'il regarde de haut, Degrelle restera confit dans ses convictions.
«Corpus».Pour la carrière politique de Léon Degrelle, on se reportera au Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique, un des premiers titres d'André Versaille éditeur. Ces aspects sont présents aussi dans le Sec et l'Humide, de Jonathan Littell, qui se réfère d'ailleurs aux travaux des contributeurs dudit dictionnaire. Mais l'auteur des Bienveillantes (séisme littéraire de la rentrée 2006, Goncourt et best-seller), se concentre sur «le langage»