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publié le 24 avril 2008 à 3h12

Revue

Penser/rêver N° 13 La Vengeance et le Pardon, deux passions moderners L'Olivier, 232 pp., 20 euros.

On ne saurait manquer ce remarquable numéro consacré au thème de la vengeance et du pardon, «manifestations passionnelles collectives de la modernité». La vengeance, à l'instar de son renversement en pardon, serait une forme inconsciente de célébration d'un passé qui, de la sorte, ne passerait pas et produirait à son tour des discours symptomatiques. En donnant la parole à des psychanalystes mais aussi à des acteurs de la réflexion sur le droit, la justice, la politique et l'histoire, ces articles cernent un changement sociétal qui, pour certains, prend l'allure d'une régression sentimentale aux dépens d'une civilisation de droit et de la loi (on pense à l'engouement actuel pour la victimisation). Les commissions «vérité et réconciliation» qui, à partir de l'Afrique du Sud, ont vu le jour en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud, ont, de fait, un bilan mitigé. On leur a reproché, dit Monique Chemillier-Gendreau, d'avoir privilégié la réconciliation par rapport à la justice et de s'être fondées sur le sens chrétien du pardon. Du coup, la «repentance» risque de remplacer le déni, - jusqu'à l'ignorance même des faits - et récuse en même temps l'analyse historienne et ses conséquences au motif qu'«on ne revient plus sur une faute avouée». Un beau texte de Janine Altounian plaide pour une troisième voie entre la vengeance qui aliène et stérilise et le pardon qui