Rien n'y fait, Ernst Nolte continue de sentir le soufre, même s'il reste une figure incontournable de l'historiographie sur les totalitarismes du XXe siècle. Cet ancien élève de Heidegger, bon connaisseur de Marx devenu historien, publia au milieu des années 60 une trilogie, le Fascisme dans son époque, qui devint rapidement un classique. Il analysait cette forme spécifique de contre-révolution ébauchée avec l'Action française, qui devint réalité de régime avec le fascisme mussolinien et culmina avec le nazisme, son expression la plus radicale et exterminatrice.
«Guerre civile».A l'époque, la perception de cette unité n'allait pas de soi, sinon parmi les historiens marxistes, qui pour l'essentiel se limitaient à voir le fascisme comme un instrument du grand capital. L'un des intérêts des recherches d'Ernst Nolte était de mettre en évidence le rôle de l'idéologie comme de l'imaginaire ou des émotions collectives. «L'émergence du fascisme est pour lui le fruit d'un enchaînement dialectique, une double réaction de type révolutionnaire face au système libéral et démocratique, mais surtout face au mouvement marxiste européen d'avant 14 puis face à la révolution bolchevique et à son projet de révolution mondiale», explique Stéphane Courtois, maître d'oeuvre de cette réédition menée avec d'autres spécialistes comme Emilio Gentile sur le fascisme ou Andreas Wirsching sur le nazisme. Grâce à son appareil critique, ce volume constitue aussi un livre sur l'oeuvre de Nolte