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Libération
Critique

Faithfull sentimentale

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60's. Jagger et McCartney, Burroughs et Ginsberg, sans oublier l'oncle Sacher-Masoch.
publié le 8 mai 2008 à 3h22

De toute façon, elle n'aurait chanté que Broken English (1979), qu'elle serait déjà la first Lady, Miss Marianne Evelyn Faithfull, Marianne «fidèle» comme le dit son patronyme, une fois pour toutes petite fiancée mondiale du rock'n'roll, Blanche Neige en bleu comme sur la pochette de l'album éponyme, Sleeping Beauty trop piquée aux quenouilles de la drogue dure et un peu piquée aussi, en coma perpétuel, en rêve prolongé, faute d'un prince assez charmant pour couvrir de baisers ses blessures. A moins qu'elle soit, comme dans Robin des bois, cette Marianne aristocratique qui en pince pour le prince des voleurs et joue, infiltrée à la cour de l'infâme Prince Jean, les agents doubles. Enfin, elle serait née en France que Marianne serait forcément la République. Aristocratie, espionnage, amour courtois, amant princier, et une certaine «sympathie pour le diable», surtout quand on a tenu le rôle principal dans Lucifer Rising, le plus barré des films de Kenneth Anger.

«Boue».A lire les mémoires de Marianne Faithfull (les deuxièmes, après Faithfull : une autobiographie en 1994), on découvre que tout ceci est presque vrai ou à peu près faux puisque «rêves et réflexions» en est le sous-titre. Un des modes d'emploi est à la page 95, dans un chapitre intitulé « La Bête fabuleuse et moi» : «La Bête fabuleuse a sa vie propre. Elle va à des soirées auxquelles je n'assiste pas, elle a des relations avec des gens que je ne connais pas,