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Libération

Maupin, lu à la télé

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publié le 8 mai 2008 à 3h22

Les vieux pédés font les meilleures rosières - quand leur sentimentalité tourne à la vertu. Comme le sexe, et en lui, cette vertu devient un bon petit plat entre amis : une manière de s'émouvoir sur soi-même, un crépuscule attendri et paresseux, pris dans les vapeurs narcotiques de la modestie bavarde et du mironton. Leur émotion forme une flaque où confluent Viagra, morale et sympathie. Le sida est passé. Ils mettent en règle et en ordre le sursis : la paix recomposée des familles est au bout de leur queue et du chemin.

Armistead Maupin, 64 ans dans cinq jours, est l'un des premiers spécimens du genre. Il vit toujours à San Francisco, où il n'est pas né. Sur son site, au rayon Bio, il apparaît en photo dans la nature, accroupi, replet et moustachu, coiffé d'un chapeau de cow-boy. Plus jeune et plus mince, mais également moustachu, son mari, Christopher Turner, l'accompagne. Il porte une casquette bleue. Le septième tome des «Chroniques de San Francisco», Michael Tolliver est vivant, lui est dédié. La photo est prise sous un arbre. Un chien esquimau pose devant. Il tire la langue, ils sourient. Tout ça est très Brokeback Mountain, film identitaire d'ailleurs évoqué par les personnages du livre. Le roman a été publié le 3 avril avec un tirage de 60 000 exemplaires. Il en est aujourd'hui sorti 76 000. Maupin est une nostalgie, celle de l'Amérique contre-culturelle. Elle semble avoir moins d'avenir, mais elle a toujours ses lecteurs.

Le premier tome des «Ch