Maman,
Merci pour le pâté de lièvre et la compote de mangues, c'était très très bon. J'ai rendu les Tupperware à Josette, qui te les donnera quand tu repasseras par Paris. Dis, tu reviens quand ? Tu me préviendras ?
J'ai enfin terminé ton bouquin (l'Innocente, Scali), un peu emmerdant au début il faut bien l'admettre. Mais le dernier chapitre est génial. Tu féliciteras Denis D. de ma part. Quand il te fait dire : «Mon fils, qu'il aille se faire foutre par qui il veut avec qui il veut, qu'il refasse un bouquin, j'en ai rien à cirer», je crois qu'on est vraiment dans la poésie, la vraie. Et puis cette trouvaille : «Cet individu, hélas sorti de mon ventre, est un menteur, un imposteur, un parasite et surtout, surtout, un petit arriviste.» C'est beau, m'man !
La semaine dernière, à Cork, on s'est gravement pété la tronche avec mon pote Alan (à coups de «Spirit of Kinsale» : un tiers de Guinness, deux tiers de whisky) tout en lisant des passages de ton livre. Alan jouait le rôle de la mère, il hurlait à travers le pub : «Qu'est-ce que c'est cette littérature à la con ! Houellebecq, c'est un mec qui n'a jamais rien branlé. Mon fils est un petit con !» Moi je faisais le fils, je vomissais par terre en pleurant. Qu'est-ce qu'on a rigolé !
J'ai vu ton interview dans Lire. Le mec te demande pourquoi tu me crois incapable d'écrire de la science-fiction, et toi bizarrement tu réponds : «Ça n'est pas qu'il n'a pas de talent, mais il ne connaît rien ni à