La judiciarisation de l'histoire suscite d'intenses débats sur l'abus des repentances et des lois mémorielles. On connaît aussi l'action de la justice pénale internationale avec les tribunaux dits «ad hoc» créés par le Conseil de sécurité de l'ONU pour juger les crimes les plus graves commis dans l'ex-Yougoslavie et au Rwanda. Ebauché avec le procès de Nuremberg de 1945 où furent jugés les dignitaires nazis, le rêve de la fin de l'impunité a commencé à devenir réalité aux débuts des années 2000 avec la Cour pénale internationale, premier tribunal permanent pour de tels crimes. Mais désormais le droit privé est aussi convoqué pour solder les comptes de l'histoire.
«La finalité n'est plus la criminalisation de l'histoire mais la civilisation du monde dans le double sens de faire cesser la barbarie et de promouvoir le droit civil», explique le magistrat Antoine Garapon, fondateur de l'Institut des hautes études sur la justice et pilier de la revue Esprit, précisant que «ces plaintes civiles prétendent vaincre la forclusion du temps en rouvrant des événements que l'histoire semblait avoir définitivement scellés». Le crime contre l'humanité est imprescriptible, mais l'action pénale s'éteint avec la mort des accusés. Elle peut en revanche continuer au civil même si les plaignants doivent dans de nombreux pays prouver que le préjudice est toujours actuel. Les descendants d'esclaves américains furent ainsi déboutés par les juges fédéraux.
Ces procédures sont nées