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Libération

Valse à mille-pattes

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publié le 22 mai 2008 à 3h33
(mis à jour le 22 mai 2008 à 3h33)

«Ma fille ! Assassinée !dit la mère d'Iris. C'est pas possible. Mais comment c'est arrivé?»«Maman, répond Joséphine, son autre fille, je n'ai pas la force de te raconter maintenant. Appelle Philippe, il te racontera.»

Comme l'auteur de cet article a le prénom du mari de la morte, et d'autant plus que celui-ci est entre-temps devenu l'amant de la soeur, il se sent autorisé à le dire : la capricieuse Iris, une mangeuse d'hommes, a été tuée page 626 dans un pré à l'aube. L'assassin est un voisin dont elle était tombée amoureuse et qui la sadisait. C'est un homme d'affaires grand et chic devenu tueur en série parce qu'il ne digère pas ses souvenirs d'enfant abandonné, placé chez des brutes. Il s'appelle Lefloc-Pignel et la critique pourrait s'arrêter là : les noms révèlent sans effort le grain d'un livre, et son poids.

Enfant, Lefloc-Pignel avait une petite tortue. Un jour, son père adoptif l'écrasa. Depuis, il a fait Polytechnique et un beau mariage. Il dirige la banque de son beau-père, élève des tortues et, avec un complice, tue les femmes qui le contrarient. Sauf Joséphine, soeur d'Iris, héroïne du livre et romancière de type médiéval à succès, qui un jour lui a dit au café :

«- C'est dur d'être une femme seule. Il faut être solide, énergique, décidée et ce n'est pas vraiment mon cas. Je serais plutôt une lente, si lente.- Une petite tortue ?»

La femme est une tortue pour l'homme, c'est comme ça qu'elle nage, pond, aime et survit. Enfant, Lefl