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Libération
Critique

Zizek l'axe slovène

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publié le 22 mai 2008 à 3h33

A Ljubljana, dans le quartier de Metelkova, à deux pas de l’appartement de Slavoj Zižek, des associations d’artistes ont élu domicile dans un ancien camp militaire. On y retrouve les attributs habituels des «friches culturelles» d’aujourd’hui, sculptures carnavalesques, ferrailles de récupération, bar branché, boîte de jazz. Ainsi que, spécialité locale, une improbable «worker and punk university» où l’on étudie cette année la question de la différence entre nazisme et stalinisme. «Le nombre de morts, ce n’est pas philosophique, explique Ciril Oberstar, 33 ans, philosophe. Nous ne voulons pas retourner au stalinisme, mais étudier les textes et la situation en URSS à l’époque pour ne pas dire seulement : c’est mal. C’est une façon de chercher.»

«Valises».Slavoj Zizek s’est fait connaître en France par ses analyses des blockbusters hollywoodiens et sa critique de la démocratie électorale (Libération du 16 février). Une sorte de Zébulon pop-marxiste jailli de nulle part. La réalité est plus complexe. Zizek est la tête de file de ce que l’on pourrait appeler l’«école de Ljubljana», qui, modeste, tenace, tente depuis les années 70 de penser la modernité sans tomber ni dans le relativisme culturel ni dans le moralisme réactionnaire. «On a toujours cherché à l’intérieur du marxisme. Il n’y a jamais eu de renoncement, jamais de haine du marxisme», raconte Rado Riha, aujourd’hui directeur de l’Institut de philosophie, et qui, avec son épouse Jelica Sumic, faisait partie du petit group