A quoi rêvent les jeunes filles qui entrent en littérature ? Au succès, à l'amour et, depuis peu, à leurs fluides corporels et à leur trou du cul. «Aussi loin que remontent mes souvenirs, j'ai toujours eu des hémorroïdes» est la première phrase de Feuchtgebiete («Zones humides» en VF), livre de Charlotte Roche qui, en Allemagne, vient de se répandre à 500 000 exemplaires en un rien de temps. Succès sans précédent pour une histoire bien d'aujourd'hui : une jeune fille finit aux urgences parce qu'elle s'est un peu loupée en se rasant le pubis. Dès lors, sans jamais quitter l'hôpital, il va être question (sur 230 pages) de masturbation, de sécrétions diverses, de fragrances intimes, de sodomie, de sang et de matériels médicaux. Rien que du frais, du printanier, dans lequel les adolescentes d'outre-Rhin se sont apparemment projetées avec enthousiasme.
Charlotte Roche, 30 ans, figure connue de la télé allemande, livre là son premier roman. Le magazine Der Spiegel a cru pouvoir résumer le message de ce sensationnel ouvrage en une simple devise : «Je pue donc je suis.» L'héroïne n'affiche-t-elle pas un dégoût prononcé pour l'hygiène lié à une fascination pour les odeurs corporelles ? Nous n'avons pu goûter le style de l'auteure, le livre étant écrit en allemand, mais une confidence de Charlotte au magazine littéraire Granta nous laisse en deviner la richesse : «Le seul livre que j'ai lu récemment, c'est Gatsby le Magnifique et ça m'a pris trois