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publié le 29 mai 2008 à 3h39

On enroule le tapis rouge, on décroche les images souvenirs, on éteint les sunlights : le quarantième anniversaire de Mai 68 est fini. Et il aura fallu attendre la toute dernière longueur pour en avoir le meilleur, en connaître le fin mot, l'ultimo ratio.«Il y a un rapport très étroit et très profond entre l'évocation du quarantième anniversaire de 68 et l'effervescence actuelle autour de la question de la démocratie», écrit Jean-Luc Nancy, dans un essai aussi court que dense et lumineux. Comme souvent, la solution crevait les yeux : 68 nous travaille parce que 68 traduisait le malaise de la démocratie, et ce malaise n'a pas cessé de croître depuis.

Limite. Nancy ne garde pas le temple. «68 n'a été ni une révolution, ni un mouvement de réformes (bien que tout un train s'en soit suivi), ni une contestation, ni une rébellion, ni une révolte, ni une insurrection.» A l'adresse de «l'autorité qui préside à l'Etat français», il fait valoir qu'«il n'y a pas d'héritage» à liquider ou à honorer puisqu'«il n'y a pas eu de décès. L'esprit n'a pas cessé de souffler». C'est cela qui l'intéresse, cet esprit toujours présent, qui détermine notre rapport à la politique. Il se trouve qu'il a pris forme il y a quarante ans. 68 (que, par ailleurs, il a vécu de l'intérieur) n'a pas d'autres fonctions dans ce texte. Ni anecdotes, ni lamentos, ça fait du bien.

Les événements de mai ont marqué, dit-il, le début d'un processus, encore en cours aujourd'hui,