Le nouveau roman d'Emmanuel Adely se présente tête-bêche, avec deux récits dans le même volume, deux couvertures : Genèse, sous-titré «Chronologie» et Genèse, sous-titré «Plateaux». Aucune indication n'est proposée au lecteur. Soit vous commencez par «Plateaux», et vous avez une famille française banale des années 60 : «La femme s'appelle maman. L'homme s'appelle papa. L'enfant est leur enfant.» Soit vous attaquez par la face «Chronologie», et vous avez un journal de bord : du 6 février au 13 mars 2006, l'auteur note le cataclysme qui lui arrive, et ce qu'il en a pensé.
Exhaustivité.«Chronologie» exposant les raisons de cette construction, le désir de casser la linéarité, la nécessité du système de «strates» («Plateaux») pour mieux faire ressentir l'épaisseur de la réalité, les ruses du temps (la simultanéité, tous les âges à la fois), il peut sembler judicieux d'entamer le parcours avec le mode d'emploi. Cependant, vérification faite auprès de personnes ayant lu Genèse dans l'autre sens : chacun prouve, de par son expérience, que les deux méthodes sont pertinentes. «Plateaux» : l'autobiographie de tout le monde. «Chronologie» : haute tension de l'autofiction. Les deux versants sont d'une précision, d'une exhaustivité obsessionnelles.
Emmanuel Adely a écrit dans un autre livre, Jeanne, Jeanne, Jeanne, comment il a fait rechercher sa mère, Jeanne Valade, qui l'a abandonné à la naissance. En fait, l'oeuvre entière de ce romancier est une