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Libération

Joli mois des mots

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publié le 5 juin 2008 à 3h45

Quand la main plonge dans le grand sac des mots, elle en ressort immanquablement mordue par des vipères : Libéralisme, Réforme, Bling-bling, Alibi, Villa (Médicis), ou tout autre échantillon venimeux du vocabulaire ambiant. Rien de plus nuisible que les mots qui brouillent, embrouillent, excluent, fâchent, font pleurer. Au mieux, ils font diversion. Quitte à se faire mal, autant se flanquer des coups de marteau sur les mains, ou pourquoi pas sur la tête (la chose s'est vue). Aussi est-il surprenant de voir tant de festivals littéraires se mettre à célébrer les mots comme des joyaux per se.

Depuis hier, et jusqu'au 8 juin, le Festival du Mot promène à La-Charité-sur-Loire (Nièvre) le grand cirque lexicographique et ses animaux savants. Les organisateurs, parlant à demi-mots, assurent que «seront mêlés tous les genres, en refusant le face-à-face complice entre la pacotille et l'industrie». Demi-mot : moyen de faire entendre sa pensée sans l'exprimer nettement. «Riotes entre amants sont jeux pour la plupart/ Vous les trouverez tous bâtis sur ce modèle/ Un mot les met au champ, demi-mot les rappelle» (La Fontaine).

A Toulouse, le Marathon des Mots sera couru du 11 au 15 juin. Il s'agit cette fois d'un grand tapis de mots, d'auteurs et d'acteurs qu'Olivier Poivre d'Arvor, organisateur des réjouissances, a jeté devant lui comme une allée menant vers la Villa Médicis, ou tout autre hôtel de luxe recherchant un intendant poli et soigneux. André Breton :