Récit
Djalila Dechache La Maison du sérail Editions du cygne, 100 pp., 13 euros.
«Souvent, les Algériens sont considérés par les autres arabes comme des gens nerveux, vite énervés, peu affables au premier coup d'oeil, pas souriants.» Des parisiens, en quelque sorte ? Dans une langue imaginative, cocasse, la narratrice raconte «une Algérie des années 50», pauvre mais débrouillarde, souvenir vivant transmis de mère en fille, jusqu'au «retour des hommes à la fin de la journée» qui «marque un autre temps, celui de l'écoute, des caprices, de l'obéissance, on se tient tranquille, on délace les pieds du maître de céans». C'est aussi l'histoire d'une identité entre deux cultures, libre, ouverte, qui a mis du temps à traduire «sa propre vie en projets». E. Lo.
Essai
Michel Butor Dialogue avec Delacroix Editions Virgile, 80 pp., 14 euros.
C'est sur le tableau intitulé Entrée des croisés à Constantinople. Outre de Baudelaire, Butor s'aide de Fourier, Voltaire, Huysmans, Villehardouin et même d'un guide touristique de 1951 pour raconter les personnages, les nommer et décrire cette «splendeur picturale» qui «se déploie sur un fond d'aveuglement». Une leçon de lecture tournée vers l'avenir et qui complète idéalement les 6 CD et le DVD de la Petite histoire de la littérature française parus chez Carnets Nord : «Et le peintre n'a-t-il pas songé à son spectateur, non seulement celui du Salon, et certes pas le commanditaire [Louis-Philippe] et son administration, mais à celui qui est encore enf