A quoi sert l'argent dans les romans ? On voit très bien dans le Comte de Monte-Cristo et tous ces romans policiers où la cupidité est le mobile du meurtre, ainsi que dans Barnabooth, où Valery Larbaud met en scène l'univers d'un milliardaire.
A quoi sert alors l'argent dans un roman suisse ? Martin Suter est né à Zurich en 1948 et vit désormais entre la Suisse, l'Espagne et le Guatemala. Ancien publicitaire, il a gagné beaucoup d'argent et côtoyé les riches avant de se mettre à écrire des policiers un peu particuliers, où la maladie d'Alzheimer peut être l'élément principal de l'intrigue, comme dans Small World.
Il y a dix ans, au moment de la traduction de ce premier roman, il avait déclaré à Libération : «Je n'ai pas de problème avec la Suisse. Je ne suis pas très suisse mais je suis suisse, je ne peux rien y faire. C'est toujours beau de rentrer en Suisse, c'est toujours beau d'en partir aussi.» En même temps que le Dernier des Weynfeldt, son sixième roman traduit, Bourgois publie dans sa collection de poche «Titres» Business Class, recueil de quatorze chroniques assassines (Martin Suter travailla pour la presse suisse-allemande de 1992 à 2004) où les impostures de la vie de bureau sont racontées avec un humour et une cruauté qui disent les ravages de l'appât du gain, aussi bien chez les appâteurs que chez les appâtés.
Dans le roman, Adrian Weynfeldt a beau être d'une richesse sans fonds, on sent vite que ses millions ont une