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Libération
Critique

Les deux piliers de l'Haslam

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publié le 13 juin 2008 à 3h51

Alligator Strip, c'est le nom du bar où officie la dulcinée du héros : Sherry-Lee est une stripteaseuse dont il tombe raide dingue au premier regard, quand elle apparaît «en tee-shirt et longues jambes» à la porte de son mobile home (on est en Amérique). Alligator Strip, c'est un thriller épatant, qui réconcilie avec un registre à hauts risques : le polar humoristique. On ne sait pas trop qui est Chris Haslam (Google renvoie à un skateboarder, la quatrième de couverture à un forgeron professeur de ski installé à Londres), mais s'il fallait lui trouver une famille, ce serait celle des stylistes à la coule, qui affectionnent folie douce et losers : la presse britannique l'a beaucoup comparé à l'Américain Carl Hiaasen, sans doute à cause de la Floride (où se déroulent Alligator Strip et la plupart des polars de Hiaasen, qui y vit) ; on peut aussi l'acoquiner à Westlake (dans sa veine Dortmunder), ou Crumley (pour le désespoir fondamental, les bitures, les méandres de l'amitié).

Lapidation. Le point de départ est classique : un tandem contre-nature s'embringue dans un sac de noeuds qui va révéler au fur et mesure les natures profondes de l'un et de l'autre. A ma gauche, Martin Brock, jeune «Angliche» aussi charmant qu'arnaqueur, coeur d'artichaut et accro aux substances addictives en tous genres, c'est lui qui raconte l'histoire ; à ma droite, Gene Renoir, gros Américain chic et d'un sang-froid inquiétant. A l'entame (à Marrakech), le premier est sauvé