«Je vois parfois la réalité sous un autre angle.» Plus loin : «Je ne l'ai pas encore dit, mais j'ai aussi des problèmes de mémoire et de confusion de temps. [.] Je ne me sens par ailleurs, surtout en voyage, pas assez impliqué dans les situations qui se déroulent normalement.» Leçons pour un lièvre mort est un livre composé de 243 paragraphes divisés en sept chapitres. La discontinuité narrative y est la norme puisque les mêmes personnages ne reviennent que tous les quatre ou cinq paragraphes. C'est le sixième livre traduit (Flore chez Stock, les autres au Passage du Nord-Ouest) de Mario Bellatin, né en 1960. Se mêlent ici comme jamais dans son oeuvre son extravagance et sa dureté qui font du Mexicain un écrivain dans la postérité à la fois de Jorge Luis Borges et de Paul Bowles. Premières phrases du paragraphe 1 : «Dans un texte du Carnet de choses difficiles à expliquer, le poète aveugle parle d'un certain événement survenu dans une institution connue sous le nom de citadelle finale. [.] Le texte mentionne une société dont les membres, pour des raisons assez compliquées, surtout de nature politique, acceptent de bon coeur la réclusion et rejettent, parfois de façon un peu violente, le libre arbitre. Certains citoyens, notamment les dénommés universels, demandent même à être enfermés à vie, afin de ne contracter aucune maladie.» Les universels n'agissent pas ainsi par principe de précaution puisque la citadelle finale n'est censée accueill
Mario Bellatin, l'étrange à portée de main
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par Mathieu Lindon
publié le 19 juin 2008 à 3h56
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